LES PÔLES RESSOURCES ENFANCE ET HANDICAP : ACTEURS MAJEURS D’UNE INCLUSION RÉUSSIE – INTERVIEW DES PEP 09 ET PEP 28 POUR HOSPIMEDIA

Des formules qui s’adaptent aux besoins des territoires pour les Pupilles de l’enseignement public

À la fois actrices des secteurs du handicap, de la petite enfance et de l’accueil de loisirs, les associations des Pupilles de l’enseignement public (Pep) ont été parmi les premières à se lancer dans l’aventure de l’inclusion de façon assez massive. À l’image de ces deux équipes, en Ariège et en Eure-et-Loir, qui s’adaptent aux besoins du terrain.

Un pied dans l’éducation populaire, l’autre dans le médico-social, les Pupilles de l’enseignement public (Pep) ont rapidement identifié qu’une inclusion réussie nécessitait une médiation entre deux mondes de formation et de culture différente. La fédération des Pep a d’ailleurs répondu en 2016 à un appel à projets de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie sur le thème de l’accès à des loisirs choisis. Elle réalise, dans ce cadre, une analyse croisée entre les aspirations des familles et les pratiques de professionnels en vue d’obtenir puis d’expérimenter un modèle de plateforme d’accompagnement global intégrée au territoire.

Une réflexion initiée par le Camps dans l’Ariège

Dans l’Ariège, « les plateformes, intitulées Palanteque (petite passerelle en occitan) pour la petite enfance et Optimus pour les centres de loisirs, se sont construites progressivement par effet d’aubaine, explique Matthieu Désarnaud directeur des Pep de l’Ariège. La réflexion est née au sein du centre d’action médico-sociale précoce (Camsp) en 2011. Dans notre région rurale, il était inenvisageable de demander aux parents de faire cinquante kilomètres pour trouver une crèche capable de bien accueillir des enfants en situation de handicap. Nous avons commencé à réfléchir à une halte-garderie itinérante mais nous avons opté pour un travail avec les structures existantes. Sept ans après, en faisant le bilan, on se rend compte que les contraintes liées au territoire ont été une chance en matière d’inclusion. » En 2013, une réflexion identique pour les plus grands a mené à la création de plateforme pour les accueils de loisirs sans hébergement (ALSH).

Financé par la caisse d’allocations familiales (Caf) de l’Ariège, chaque dispositif est animé par une éducatrice spécialisée, qui est également éducatrice de jeunes enfants pour Palenteque. Les éducatrices travaillent aussi bien avec les familles que les structures, et même avec les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) pour le périscolaire. Elles organisent également régulièrement des formations courtes pour les professionnels de la petite enfance et de l’animation afin de les aider à réfléchir aux postures et aux aménagements. « Nous venons mettre du lien entre les familles et les équipes. Dans la majorité des cas, les aménagements, les ressources méthodologiques et techniques, les outils pédagogiques que nous leur fournissons suffisent à assurer un accueil dans des conditions satisfaisantes. Parfois le travail avec les familles va les amener à réfléchir à un accompagnement complémentaire. Alors là nous passons le relais. Nous ne nous substituons pas aux Camsp ou aux services d’éducation et de soins à domicile (Sessad)« , précise Matthieu Désarnaud.

Un travail partenarial en Eure-et-Loir

Depuis 2016, Stéphanie Lemazurier, conseillère en économie sociale et familiale, anime pour les Pep l’espace ressource handicap d’Eure-et-Loir. Un espace né de la réflexion, depuis 2013, d’un groupe de travail rassemblant la Caf, la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection sociale des populations (DDCSPP), les services de la protection maternelle et infantile (PMI), les Camsp, les Sessad et la maison départementale de l’autonomie (MDA). Après avoir édité deux guides, l’un à destination des professionnels de la petite enfance, l’autre pour les professionnels de l’animation, le groupe de travail a décidé de mener une politique volontariste d’accueil des enfants en situation de handicap avec une campagne de communication envers les familles et la création d’un référent pour accompagner la démarche. Il s’agit ici d’un dispositif cofinancé, ce qui est plutôt rare, par la Caf et l’ARS (crédits dédiés dans le cadre du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (Cpom) des Pep). Le dispositif est également financé, à la marge, par la Mutualité sociale agricole (MSA) et a bénéficié pendant deux ans d’une aide du fonds d’innovation de la fédération des Pep.

L’expérience a démarré petitement. Jusqu’en septembre 2017, Stéphanie  Lemazurier n’était sur cette mission que deux jours par semaine. Aujourd’hui, elle y consacre l’intégralité de son temps de travail. « J’interviens principalement dans deux champs auprès des professionnels, explique la conseillère en économie sociale et familiale, celui de la sensibilisation et de la formation — j’organise des journées de formation animées par une association partenaire — et celui du recensement, en partenariat avec les Sessad du département, ainsi que de la mise à disposition d’outils d’accompagnement. » Des outils très variés qui voconseillnt des tipis d’apaisement aux sièges adaptés, casques ou sets de table antidérapants.

« J’organise toujours une première réunion sur le futur lieu d’accueil avec les parents et les partenaires (Camsp, Sessad, institut médico-éducatif…) pour échanger sur les besoins de l’enfant et définir les modalités d’accueil« , précise la conseillère. Si un renfort d’équipe s’avère nécessaire, Stéphanie Lemazurier va le négocier avec la MDA qui le cofinance, via l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) avec l’espace ressources handicap. Le gestionnaire de la structure recrute l’animateur supplémentaire et la famille s’engage à reverser les sommes dédiées dans le cadre de l’AEEH par le biais d’une convention tripartite famille, gestionnaire et espace ressources handicap. À ce jour, une vingtaine de renforts sont ainsi financés, en grande majorité dans les ALSH.

Ces deux exemples illustrent des pratiques assez différentes d’un territoire à l’autre. Des pratiques qui ne mobilisent pas forcément les mêmes partenaires et collent aux besoins et moyens du terrain. S’il se réjouit du travail mené par la mission nationale sur les accueils de loisirs et de sa volonté de développer les plateformes, Matthieu Désarnaud reste prudent sur la modélisation : « Les acteurs locaux ont su tricoter quelque chose d’adapté à leur territoire, il ne faudrait pas leur imposer une cote mal taillée. »

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Publié le 25 juillet 2018

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